Entretien de Guillaume CROS avec Geneviève Saint-Hubert, Secrétaire Générale de la Maison de l’Europe.
Monsieur CROS,
pouvez-vous nous expliquer votre rôle au sein du Conseil Régional d’Occitanie ?
J’ai été élu en 2016 Vice-Président du Conseil Régional d’Occitanie, en charge des affaires européennes, des fonds structurels, de la coopération au développement, de l’évaluation et de la prospective.
La montée des populismes et de l’euroscepticisme doivent nous conduire à agir pour redonner espoir en l’Europe car j’en suis convaincu c’est bien de plus d’Europe dont les citoyens et les territoires ont besoin.
Le Conseil Régional d’Occitanie a fait le choix de s’impliquer fortement dans l’élaboration des politiques européennes post 2020 et souhaite être un acteur à part entière du débat européen. Au travers de la feuille de route Europe adoptée en 2017, elle souhaite insuffler des actions porteuses de valeurs de solidarité, d’ouverture de coopération, de développement territorial durable et équilibré et de cohésion sociale.
En Occitanie, sur la programmation 2014-2020, ce sont près de 52 000 porteurs de projets qui ont pu donner une impulsion décisive à leurs initiatives grâce à l’Europe. D’ici 2020, ce sont près de 3 milliards d’euros de fonds européens qui bénéficieront aux territoires et aux acteurs d’Occitanie.
Ainsi, partout dans nos territoires, qu’ils soient urbains, ruraux de montagne ou du littoral, l’Europe investit pour l’avenir en participant par exemple aux financements de formations d’insertion et d’accès à l’emploi, pour l’ESS, pour la mobilité des jeunes étudiants et apprentis, pour la transition énergétique etc.
Après les annonces de la Commission Européenne, nous ne pouvons qu’être inquiets des menaces qui pèsent sur la politique de cohésion et la PAC, des aides qui vont directement aux territoires. Ces annonces sont à contresens de ce que nous voulons à l’avenir : une Europe qui s’appuie sur les territoires et donc sur les Régions et des Régions qui inscrivent leur avenir dans une Europe solidaire et démocratique, ouverte et protectrice. Aujourd’hui, le réchauffement climatique n’est pas une menace théorique et hypothétique ; face à l’urgence écologique et climatique, il s’agit d’apporter une réponse européenne qui s’appuie sur les initiatives locales.
Ainsi, j’agis au sein du Conseil Régional d’Occitanie pour que la voix de toutes et tous soit entendue ! Après avoir répondu aux consultations de la Commission Européenne relatives à la politique de cohésion, la mobilité et les valeurs européennes, les infrastructures et l’investissement, la recherche, l’innovation et les PME, la Région a consulté de nombreuses instances représentatives du territoire. En juin dernier, la Présidente DELGA a également adressé une déclaration commune au Président de la République, au Premier Ministre et aux Présidents de l’Assemblée Nationale et du Sénat mais aussi aux Présidents de la Commission Européenne et du Parlement Européen, les appelant à défendre un budget à la hauteur des ambitions européennes.
Parce que l’Europe des territoires que nous souhaitons c’est aussi réussir à dépasser nos frontières nationales et construire des projets communs autour de l’innovation, la culture, la jeunesse, la Région Occitanie a aussi fait le choix d’agir en développant des coopérations transfrontalières fortes et ambitieuses comme au travers de l’Eurorégion (Eurorégion commune avec la Catalogne et les Iles Baléares) mais également au travers de relations bilatérales avec l’Aragon ou encore au sein de la Communauté de Travail des Pyrénées.
Nous avons besoin d’une Europe forte et protectrice, une Europe solidaire, de la proximité et de la cohésion qui recrée de l’espoir au sein des peuples et réduit nos fractures territoriales ; c’est tout mon engagement en tant que Vice-Président du Conseil Régional d’Occitanie.
Vous êtes également membre du Comité Européen des Régions, pouvez-vous nous en parler ?
Depuis 2017, je me suis fortement investi en tant que membre du Comité Européen des Régions. Le Comité des régions est un organe consultatif représentant les autorités régionales et locales au sein de l’Union européenne. Il a été institué par le traité de Maastricht et mis en place en mars 1994. La reconnaissance de son rôle a été renforcée par le traité de Lisbonne.
Je siège donc à Bruxelles parmi les 350 membres de cette institution, originaires des 28 Etats de l’Union Européenne. L’objectif de cette institution est d’associer les collectivités locales et régionales aux processus décisionnels de l’Union Européenne. La Commission Européenne, le Parlement Européen et le Conseil sont tenus de consulter le Comité des Régions dans de nombreux domaines majeurs comme les migrations, l’éducation, les transports, l’énergie, le changement climatique etc.
C’est dans ce cadre que j’ai porté un 1er avis de prospective sur la Politique Agricole Commune après 2020 et que je porte maintenant un avis sur les propositions législatives faites par la Commission Européenne pour la PAC après 2020. L’avis de prospective a été adopté à une large majorité par le Comité des Régions. Cet avis porte des propositions fortes pour construire une politique agricole commune JUSTE, SOLIDAIRE et DURABLE qui répondent aux attentes des agriculteurs, des citoyens mais également des territoires et plus particulièrement du monde rural.
Il s’agit d’un important travail de recherche de consensus. Je m’attache donc depuis plusieurs mois à entretenir des relations fortes en particulier avec le Parlement Européen, le Conseil de l’Europe, la Direction Générale de l’Agriculture et du Développement Rural et la Direction Générale de la Politique Régionale de la Commission Européenne pour que la position du Comité des Régions et donc des territoires puisse être entendue.
Guillaume CROS
Vice-Président du Conseil Régional d’Occitanie, en charge des affaires européennes, des fonds structurels, de la coopération au développement, de l’évaluation et de la prospective
Membre du Comité Européen des Régions
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