Dans le cadre de la Journée des métiers d’Art et du Patrimoine culturel européen, organisée le 15 mai dernier, les toulousains ont pu assister à la projection du film « Sámi Blood » dans les locaux de l’Instituto Cervantes, avant de participer à un débat sur le sujet.
Sámi Blood nous raconte l’histoire du passage à l’age adulte mouvementé d’une jeune fille Sámi dans les années 30. Confrontée au racisme et à des répressions constantes envers sa communauté, cette jeune fille, répondant au nom d’Elle Marja doit se battre pour ses rêves et son émancipation personnelle dans un contexte lui posant de nombreux obstacles et la forçant, finalement, à tout laisser derrière elle, son peuple, sa famille et son identité Sámi.
Regardez la bande annonce du film
La réalisatrice Amanda Kernell a remporté avec ce film, qui est son tout premier long métrage, le 11ème prix LUX du cinéma du Parlement européen en 2017, à côté de deux autres finalistes « 120 battements par minutes » et « Western ». La coproduction suèdo-dano-norvégienne se voit ainsi gagnante non seulement du prix même, mais aussi du sous-titrage financé par le Parlement Européen dans les 24 langues européennes et son adaptation aux besoins des malentendants et malvoyants.
Lors de la réception du prix, l’actrice principale, Lene Cecilia Sparrok, admet que gagner le prix LUX « équivaut à une réparation et à une revanche prise pour les anciennes générations de Sámi qui ont été traitées de façon dégradante, considérées comme moins importantes et moins intelligentes […] Le monde doit savoir ce que le peuple sámi a enduré. Ce qui est douloureux c’est que tout cela a bien eu lieu. Le film était plutôt doux. La réalité était bien plus extrême ».
Madame Michèle Salinas, professeur ayant travaillé sur la société des Sámi, et présente lors de cette soirée a souhaité contribuer à votre information en rédigeant le texte suivant :
« Sámi est le nom internationalement utilisé pour les Lapons ; la racine « Lapp » étant péjorative signifiant : haillons, couvert de haillons, niais ou autre ! De même l’utilisation d’Inuit à la place d’esquimau : « mangeur de viande crue ».
Les Sami
Leur nombre est difficile à déterminer, selon les sources de 70000 à 140000 unis par une même langue finno-ougrienne à neuf ou 10 dialectes. Ils forment le dernier grand peuple autochtone européen.
Sámi et le territoire ; il s’étend sur 390 000 km² et traverse les frontières de 4 pays : Suède, Norvège, Finlande et Russie (péninsule de KOLA).
Un peuple semi-nomade, éleveur de rennes, à l’origine animiste et de culte chamanique. Une histoire vieille de plus de dix mille ans. 12000 ans est ce qui est reconnu par la communauté internationale. Hérodote (Ve av JC), Tacite (1er siècle de notre ère) les mentionnaient (un peuple hyperboréen.)
A partir des XVIe et XVIIe siècles et jusqu’au XIXe siècle, ils subirent de très nombreuses persécutions et vexations de la part des voisins, notamment lorsque le roi de Suède Gustav Vasa voulut asseoir son autorité sur le Nord avec trois mots d’ordre : christianisation, colonisation, sédentarisation. Ces politiques de répression de l’identité sámie se traduisit par nombre de violences menées contre le chamanisme et les chamans. Le XVIIe siècle, connut nombre de procès en sorcellerie. Les tambours furent confisqués, brûlés, détruits, le joik (leur chant) interdit. Période très difficile pour les Sámi dont certains fuirent dans les montagnes. Des tambours furent cachés et conservés. Ce furent des bouleversements radicaux dans leur vie.
Ils ne furent vraiment « reconnus » que dans les années 1950. Depuis la culture samie connaît une renaissance. Le joik est à nouveau pratiqué, dans le cadre d’activités culturelles et musicales même dans les églises. On fabrique de nouveau des tambours- symbole de la culture same- selon les anciens modèles. L’Eglise de Suède a reconnu ses torts et demandé pardon au peuple sámi.
« Joik » : Chant traditionnel souvent guttural, chanté a capella ou au son du tambour des chamans. Mari Boine, l’égérie norvégienne de ce renouveau, mélange le tambour et le chant Sami à des influences jazz et rock. Une véritable vague sámi est en train de voir le jour: les pop stars BlackSheeps, les rappeurs Duolva Duottar, l’électro chamanique de Wimme Saari ou Niko Valkeapää, chantre folk-soul.
Actuellement, ils jouissent d’une protection internationale (ONU, UNESCO…) et locale avec le Conseil Lapon nordique créé en 1956 et devenu en 1992 le Conseil Sámi. Adoptée en 1989 et entrée en vigueur en 1999, la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail ou Convention relative aux peuples indigènes et tribaux révise et complète la Convention 107 (1957) « relative aux populations aborigènes et tribales ». Elle a été ratifiée par 22 pays (dont la Norvège, la plupart sud-américains) sur les 187 que compte l’OIT. »
M.S
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